Simonne Ramain
Une volonté au service d’une intuition
Une volonté :
presque toute une vie de travail – de 1917, année où Simonne Ramain émerge progressivement d’une maladie invalidante qui l’avait terrassée en pleine adolescence, jusqu’à sa mort en 1975.
Une intuition : que la vie est relation.
“Une vie purement végétative ne serait pas une vie ; sans relation, je ne vivrais pas”
disait volontiers Simonne Ramain, pour qui la relation se déployait immédiatement en de multiples relations
– à soi, aux autres, aux objets, aux idées, aux sentiments, aux sensations….
Pour Simonne Ramain, lier, délier et relier était la tâche essentielle à laquelle chacun était convié.
De cette intuition fondamentale surgirent diverses voies de recherche que Simonne Ramain entreprit simultanément, ce qui constitua dès le départ la grande originalité de son œuvre maîtresse, la “Méthode Ramain”.
« Simonne Ramain rechercha patiemment, systématiquement, avec une persévérance inlassable – dira Jean Fourastié, membre de l’Institut de France, en 1970 [ 1 ] – les moyens autres que la lecture, la parole et l’écriture, de développer l’intelligence et la personnalité. »
Un premier postulat
s’imposait à la jeune chercheuse : aucune relation n’existe sinon dans un réseau de relations avec lesquelles elle est elle-même en relation, de manière à constituer une réalité complexe.
D’autres penseurs étaient arrivés à une conclusion semblable ;
or, l’originalité de Simonne Ramain était de considérer que si l’on porte atteinte à cette complexité, on tue la vie.
Dans ces conditions, comment appréhender le réel ?
Simonne Ramain comprit rapidement que :
- l’attention
qui permet de capter une part de réalité risque d’être à son tour captée par un intérêt qui la détournerait d’une perception globale et équilibrée au bénéfice d’un aspect, privilégié peut-être même à notre insu [ 2 ] ;
- une perception simultanée
est nécessaire aussi bien des divers aspects qui constituent une réalité que du sens qui se dégage de sa globalité ;
- cette perception
est rendue possible par un dépassement de l’attention :
considérer simultanément le tout et ses parties dans leur interdépendance, sans divisions ni exclusion.
« C’est ainsi que l’être humain se nourrit de réalité »,
affirme Simonne Ramain.
- Une source inépuisable de recherches : la situation
où interfèrent simultanément sujets, objets, affects;
intentions, projets, références au passé;
convoitises, aspirations et action.
- Un principe, découvert assez rapidement: l’analogie
- Un premier objet d’étude : le mouvement
“conjonction d’espace et de temps” aimait à dire Simonne Ramain – et surtout le mouvement corporel du geste volontaire [ 3 ] aussi simple soit-il, à la parole et à l’élaboration de la pensée.
- Une inconnue à explorer indéfiniment : le fonctionnement cérébral
- Quelques certitudes : que l’humanité est Une
diverse, variée et désirante ; que la relation se crée, se construit au fur et à mesure qu’une disponibilité intime, aussi attentive à une vie intérieure qu’au monde qui nous entoure, se déploie le long de l’existence.
Voilà comment fut élaborée la méthode RAMAIN pendant plus d’un demi-siècle « dans une recherche incessante entre création et automatisme, réalité et fantasme, liberté et engagement auprès des populations les plus variées, dans des écoles et collèges, hôpitaux de jour, instituts médico-pédagogiques, prisons, dispensaires et usines… » [ 4 ]
[1] voir “Structuration Mentale par les Exercices Ramain”, de Simonne Ramain et Germain Fajardo, Editions de l’Epi, Paris, 1975, page 4
[2] Voir “Deux écrits de Simonne Ramain à propos d’intérêt et attention (1963-1964)” dans “La Méthode Ramain – une démarche vers la mise en relation“, Editions ASRI, Paris, 1999, pages 49 et suivantes
[3] “Le geste est plus qu’une mécanique. C’est une expression. Ce n’est pas simplement un jeu de muscles, mais une tentative de relation” dans Sauvegarde de l’Enfance – septembre 1957 : “La Méthode Simonne Ramain“, pages 834 et suivantes
[4] Postface de “Perception de Soi par l’Attitude et le Mouvement” de Simonne Ramain et Germain Fajardo, Editions de l’Epi, Paris, 1977, page 334.